Rotation : la danse des légumes bio

Vue de nos jardins de plein champ

Si vous vous êtes déjà promenés en bordure de notre champ, vous aurez pu constater que les cultures sont réparties par familles, dans des carrés. En effet, notre espace de culture en plein champ est réparti en plusieurs sous-espaces que nous appelons des jardins. Chaque année, ces jardins accueillent un type de culture différent : c’est le principe de la rotation des cultures.

Pourquoi faire tourner les cultures ?

En maraîchage diversifié, nous produisons une vaste gamme de légumes, environ une trentaine pour notre cas. Chacun de ces légumes a ses propres besoins et transforme le sol où il a été planté d’une manière particulière.

Limiter les dégâts liés aux ravageurs et aux maladies

En implantant chaque année la même culture au même endroit, on augmente considérablement le risque de maladie et de dégâts liés au ravageurs. En effet, si un ravageur apprécie particulièrement un légume, comme le puceron cendré du chou sur cette photo, il va s’implanter à l’endroit où se trouve cette culture. Si l’on plante à nouveau le même légume à cet endroit, les ravageurs seront déjà présents pour s’en prendre à elle dès que le moment sera venu.

De même pour les maladies : si une culture est atteinte par une bactérie ou un champignon, celui-ci risque de rester dans le sol où il peut survivre pendant plusieurs années. En laissant se passer 3 ou 4 ans avant de ré-implanter la même culture dans le jardin, on diminue grandement les risques d’infection.

chou couvert de pucerons cendrés

Éviter les carences

Tous les légumes n’utilisent pas les mêmes éléments chimiques pour se développer. Certains consomment plus d’azote, d’autres plus de phosphore ou de potassium. La rotation des cultures permet de faire se succéder, sur un même espace, des cultures ayant des besoin différents, de façon à ne pas épuiser les ressources disponibles dans le sol.

Par ailleurs, lors de la récolte, on laisse généralement une partie de la culture sur place : les fanes des carottes, les feuilles extérieures des poireaux, les racines des salades, les tiges des choux… Ces déchets de culture nourrissent le sol quand nous les enfouissons. Ainsi, l’alternance des cultures permet aussi d’apporter différents éléments au sol.

Quelle rotation dans notre ferme ?

En plein champ

Notre plein champ est divisé en 6 jardins. Chaque année, le jardin 4 accueille les cultures qui étaient au jardin 3 l’année précédente, le jardin 3 reçoit les cultures du jardin 2… et ainsi de suite. En pratique, voici la rotation des légumes sur un jardin donné :

  • laitues
  • verdures et racines diverses (betteraves, blettes, navets, radis noirs)
  • courges
  • poireaux et oignons
  • haricots et choux
  • carottes, céleris et persil (qui sont tous les 3 de la même famille)
  • laitues
  • etc…

Sous abri

Sous les serres, la rotation est un peu plus complexe, car une serre peut accueillir jusqu’à trois cultures différentes en une même saison. Pour simplifier, nous alternons une longue culture d’été très gourmande (par exemple la tomate) avec une succession de cultures moins gourmandes (par exemple : radis en début de saison, salades en fin de saison).

Conclusion

La rotation des cultures est indispensable en agriculture biologique, elle est même obligatoire pour l’obtention du label. Il existe différentes méthodes pour construire sa rotation, notamment par famille de légumes ou par type (légume racine, légume fruit, légume feuille). De notre côté, nous faisons une sorte de mélanger entre les deux, en veillant toujours à ce qu’une même espèce ne revienne pas trop rapidement au même endroit.